La communication politique.
L’intérêt porté par l’université marocaine au phénomène électoral est un indicateur des changements accompagnant l’évolution des sciences politiques marocaines, et tout particulièrement en ce qui concerne le dépassement du seuil des études standards et de droits et l’ouverture sur les hypothèses de la sociologie politique.
Les premiers travaux sur les élections se sont focalisées sur ce qu’on a appelé le contexte légal et organisationnel des élections.
Dans cette logique standard, les premières recherches sur le phénomène électoral se sont préoccupées de la problématique de la présence ou de l’absence de compétitivité à travers un débat accru sur les statistiques officielles et leur horizon scientifique.
Progressivement, le processus de modification de la structure et des références méthodologiques des études électorales a été déclenché en se détachant du modèle standard qui limitait le phénomène en question à son versant légal. Les recherches ont entamé une nouvelle perspective dépassant le cadre macro-politique général et embrassant des champs et des circonscriptions électoraux locaux permettant une meilleure observation des détails et une bonne collecte des données monographiques. Le débat sur la compétitivité des élections n’est plus en vue, même quasi-absent, et ne constitue plus un obstacle à l’analyse scientifique du phénomène en question. Le cadre adopté, désormais, est celui de la sociologie électorale qui ne restreint pas les résultats des scrutins à la sphère des valeurs (vrais / faux) mais les replacent dans une dynamique sociale à laquelle participent un grand nombre d’acteurs et d’universitaires générant ainsi un ensemble d’interactions et de conflits. Ce qui tolère de considérer que l’incompétitivité peut aussi être ériger en objet de recherche et de questionnement.
De ce fait, au lieu de s’attarder sur l’absence d’enjeux du champ électoral marocain, et ce en le comparant aux cas européens et occidentaux dans lesquels les élections sont productrices d’enjeux liés directement au pouvoir, les sciences politiques marocaines s’est préoccupé de déceler les fonctionnalités éventuelles des élections à l’intérieur d’un contexte politique autoritaire non compétitif et ensuite au sein d’un contexte de sortie autoritaire.
En relation à l’intérêt dévolu aux approches de l’élite politique, certains travaux ont abordé le phénomène électoral du point de vue de son influence éventuelle ou supposée sur la dynamique d’ «électoralisation ».
L’impact de l’intérêt croissant pour les politiques publiques a contribué à l’adoption de nouveaux cadres méthodologiques dont le postula essentiel est une approche des élections en tant que politique publique dépendante d’une référence, d’un agenda, d’acteurs, d’objectifs et d’évaluation à long terme.
Il a été aussi nécessaire de souligner que, outre l’engouement pour les études se rapportant à la « transition démocratique », les influences supposées des contextes transitionnels représentent une variable tranchante dans la gestion du dossier électorale.
D’autres études ont procédé à l’analyse de la place des médias et des stratégies communicationnelles des acteurs lors de la période électorale qui se transforme en un marché de symboles, de discours et de messages.
Il a été urgent pour un certain nombre de travaux en sciences politiques de porter une attention particulière au comportement électorale du citoyen marocain et aux facteurs déterminant et orientant son comportement (facteur politique, facteur tribal, facteur religieux, facteur rationnel, facteur personnel, clientélisme, …).
Il paraît évident qu’un bon nombre de chercheurs spécialistes de la politisation de la société marocaine (retour du politique, recul du politique, ouverture du politique sur d’autres horizons, recul du politique dans des champs anciennement et profondément politisés, …) se sont adonnés au phénomène électoral dans le cadre général de la problématique de la présence ou de l’absence du politique au sein de la société.
Le phénomène électoral a parallèlement constitué un champ ouvert permettant d’induire et d’extraire les indicateurs de mesure des niveaux de l’honnêteté, de la participation, de la rationalité du comportement électoral et les caractéristiques socioprofessionnelles des électeurs.
Malgré la diversification des perspectives de recherche et les efforts des chercheurs quant à l’analyse et la description du phénomène électoral, le cumul et la capitalisation dans ce champ secondaire des sciences politiques demeurent en général très réduites et très restreintes.