Une réponse à un besoin de cohésion sociale, éprouvée depuis 20 ans
Eloignement, décès, problèmes familiaux… De nombreux enfants sont privés de grands-parents. L’association Grands-Parrains, à vocation nationale et à but non lucratif, met en relation des enfants qui souhaitent retrouver des grands-parents, avec des papis et mamies de cœur bénévoles qui ont du temps et de l’affection à donner.
Les seniors mettent de plus en plus leurs « talents de vie » au service des autres que cela soit en s’engageant dans la vie associative ou en travaillant, notamment dans le secteur des services à la personne. C’est l’occasion pour eux de tisser des liens intergénérationnels, de vivre une retraite active, se sentir utile.
Pour celles et ceux qui n’ont pas ou ne voient pas souvent leurs petits-enfants, l’association Grands-Parrains met en relation des enfants n’ayant plus de grands-parents, avec des seniors qui souhaitent nouer des liens privilégiés avec des jeunes en devenant des « papis et mamies de cœur ».
Grands-Parrains, c’est plus de 1.000 grands-parrainages en 20 ans. Des associations locales, des correspondants locaux, des dizaines de bénévoles travaillent comme des fourmis pour les grands-parrains et les petits-filleuls.
En 2017, Grands-Parrains a maintenu une activité élevée, notamment en demandes de grand-parrainage. L’association a reçu 320 demandes de grands-parrainages sur tout le territoire, dont pratiquement 1/3 de seniors et 2/3 de parents. Il y a 689 inscrits : 376 grands-parrains en attente, 355 familles également en attente dont 60% de monoparentales et 165 sympathisants et parrainages actifs. Actuellement, 200 grands-parrainages sont suivis auxquels il faut ajouter une dizaine en cours d’étude et une cinquantaine qui se poursuivent du fait de leur ancienneté.
Tout en accentuant le grand-parrainage classique (de visu, épistolaire, mais aussi par les réseaux sociaux et autres webcams), qu’elle développe depuis 20 ans, dans toutes les régions françaises (régions ultramarines comprises — Mayotte, St Pierre et Miquelon, etc. —), comme dans d’autres pays francophones au-delà de l’expérience actuelle avec le Liban (Belgique, Luxembourg, Québec, Maroc), l’association Grands-Parrains va :
• structurer le grand-parrainage inversé (de petits filleuls adolescents vers des personnes âgées souffrant de solitude), l’arrière-grand-parrainage (de retraités en âge d’être arrière-grands-parents) et le grand-parrainage autour d’animaux de compagnie,
• mettre en place un grand-parrainage croisé :
o de personnes âgées immigrées en France hexagonale envers des jeunes de leur pays ou région d’outre-mer d’origine (tant pour les générations les plus âgées que pour les jeunes),
• réfléchir sur son positionnement pour apporter guidage affectif par une aide à la grand-parentalité auprès d’enfants bénéficiant d’un accompagnement social ou d’une mesure de protection judiciaire, comme auprès de mineurs isolés.
Le changement dans la continuité
Grands-Parrains vient d’avoir 20 ans… Oui, il faut continuer de marcher sans perdre son cœur, ni ses yeux d’enfant, ni l’âme de l’association Grand Parrains et toujours s’émouvoir de la qualité des liens relationnels qui fondent la communauté humaine, à travers sa succession de générations…
Après avoir montré le si « Beau chemin » (nom de son livre édité en 2009), Michelle Joyaux, la présidente-fondatrice de l’association Grands-Parrains (ancienne directrice du travail, qui a créé l’association à son départ à la retraite), voulait passer à la génération suivante — elle est, au niveau associatif, une très « grande-marraine » — pour prolonger l’œuvre d’une partie de sa vie intellectuelle et affective.
Michelle Joyaux a su démontrer la pertinence et la faisabilité d’un grand-parrainage de cœur, à travers un solide réseau national d’antennes locales et la mobilisation de nombreux volontaires, militants engageant leurs compétences et leurs réseaux dans ce projet, projet par ailleurs structurant pour la cohésion sociale.
Cette nouvelle équipe — en quelque sorte « petite-filleule » des mandats précédents — aura à prolonger le projet associatif en poursuivant son approfondissement. Le grand-parrainage ne serait-il pas, à l’instar de la grand-parentalité, un guidage d’enfants et de leurs proches vers les chemins du cœur, afin que les uns et les autres puissent sublimer des difficultés affectives rencontrées dans leur parcours de vie afin de devenir, eux aussi, des tuteurs de résilience au service d’une humanité sereine ?
Comment s’adapter aux différentes formes de familles d’aujourd’hui ? Comment ne pas prendre en compte des effets néfastes au sein de relations familiales qui seraient en situation de risques de fragilité affective ? Au-delà de relations simplement intergénérationnelles, comment développer les transmissions de valeurs, de savoir-être, de savoir-faire entre les générations ? Comment organiser des équipes transgénérationnelles pour aussi renforcer sur le terrain la cohésion sociale dans les villages et les quartiers ? Comment revisiter le « contrat social » entre les âges ?
Autant de défis auxquels Michelle Joyaux invite et que le bureau de l’association Grands-Parrains (renouvelé lors de l’assemblée générale ordinaire du 22 septembre 2018, à l’Haÿ-les-Roses, dans le Val de Marne), autour du nouveau président, Jean-Michel Caudron (consultant en ingénierie gérontologique) et de tous les membres du bureau, auront à relever !
Tout en s’appuyant sur un conseil des sages, présidé par Michelle Joyaux rassemblant ses premiers compagnons de route (dont son compagnon de vie, Rémi Joyaux, toujours très actif dans la gestion informatique de l’association), de manière à ne pas s’éloigner de la philosophie et des ambitions du projet initial.
Soit un relais dans la continuité pour aller encore plus loin sur ce beau chemin !
Un défi pour le nouveau président
Jean-Michel Caudron vient donc d’être élu président national de Grands-Parrains, dans la prolongation de l’engagement citoyen bénévole mais très professionnel dans les outils et les processus de la présidente fondatrice, Michelle Joyaux, qui a aujourd’hui 85 ans et qui a eu un management par l’affectif de l’association pendant 20 ans, en mobilisant les compétences de nombreux citoyens, qui sont devenus militants de l’association…
Un nouveau président ne pourra pas investir autant que l’aura fait Michelle Joyaux (surtout s’il continue à travailler professionnellement par ailleurs), mais devrait permettre de prolonger cet engagement citoyen et bénévole de grands-parrains et de grandes-marraines par une infrastructure qui devra se professionnaliser, surtout pour contrôler la qualité du grand-parrainage, d’autant que les situations des petits-filleuls peuvent être fragiles affectivement.
Tout en continuant à s’appuyer, comme actuellement, sur un réseau de volontaires qui apportent leurs expertises et leur savoir-faire au projet associatif qu’a pensé et a initié Michelle Joyaux.
Des compétences en ingénierie sociale déployées pour le développement de Grands-Parrains
Une telle réflexion doit guider l’association pour trouver des moyens financiers afin d’encadrer cette mission de service public, auprès des… pouvoirs publics (locaux, départementaux, nationaux, européens), mais aussi de fondations privées ou, encore, en mobilisant des financements citoyens (crowdfunding et autres dispositifs à inventer).
Comme, d’ailleurs, en activant des bourses CIFRE , qui permettent d’être subventionné en accueillant des doctorants, ainsi que le DLA , qui donne la possibilité de crédits d’ingénierie pour développer une association…
Tant pour renforcer l’infrastructure nationale (avec des compétences administratives, mais aussi en termes d’ingénierie sociale et de développement local ou, encore, sur l’exploitation idoine des techniques de l’information et de la communication, comme sur le respect de la protection des données personnelles). Que pour donner aux antennes locales des moyens de fonctionner de façon plus aisée (pour les frais de déplacement des responsables des antennes, mais aussi pour les aider à activer des ressources locales [financières, ainsi que des réseaux de relais d’opinion et de « prescripteurs » de grand-parrainage]).
D’autant que des communes et des conseils départementaux sont demandeurs du développement de dispositifs de grand-parrainage et peuvent lancer des appels à projet à ce propos, auxquels il faudrait répondre (ce qui nécessite une veille quant à ceux-ci et des compétences techniques pour remplir les dossiers).
Une organisation d’avenir
Permettre d’accroître l’action de Grands-Parrains dans l’ensemble des champs actuels de la société où les besoins sociaux nécessitent l’action de grand-parrainage et/ou de grand-parrainage inversé (de petits-filleuls auprès de grands-parrains) et/ou de duos transgénérationnels, de manière à maintenir et à renforcer la cohésion sociale par la revisite du contrat social entre les âges, nécessite :
• un maillage de proximité structuré et une promotion adaptée de Grands-Parrains dans l’ensemble des départements français,
• une exploration scientifique des champs dans lesquels Grands-Parrains pourrait avoir une utilité, avec une réflexion en termes d’ingénierie sociale sur le déploiement de notre action, en intégrant les contraintes d’un grand-parrainage auprès de personnes fragiles, au-delà d’une indignation face à leur situation et de la volonté de leur apporter un étayage affectif,
• une réflexion sur une hybridation de salariés et/ou de citoyens volontaires (chacun apportant tout leur professionnalisme, au-delà de leur militance, ce qui nécessite une reconnaissance adaptée à cet apport) de l’infrastructure pour prolonger le projet initié par Michelle Joyaux, laquelle, pendant 20 ans (pour partager son expérience personnelle d’une vie traversée par des liens transgénérationnels) :
o a su déployer tout le professionnalisme qu’elle a su acquérir par ses expériences salariées (dans le privé et le public), ainsi qu’optimiser sa formation de juriste,
o en mobilisant tout un réseau de citoyens volontaires apportant, chacun, leur expertise à Grands-Parrains, grâce à une fidélité due à son charisme et à son management par l’affectif (souvent des projets géniaux stoppent ou se dévoient quand l’initiateur doit se retirer de force du projet, surtout s’il n’a pas préparé sa suite),
• une reconnaissance financière des partenaires institutionnels (publics et sociaux), voire de partenaires privés (fondations d’utilité publique et/ou d’entreprise, fonds participatifs de citoyens) des missions de service public que Grands-Parrains remplit déjà et pourra accroître encore plus dans l’avenir :
o de manière à pouvoir valoriser le professionnalisme exigent de salariés et/ou de citoyens volontaires que nécessite la supervision de l’intervention auprès de parties de la population fragile (au-delà de l’action même de grand-parrainage qui est une action gratuite de citoyens volontaires, action qui est, d’ailleurs, inestimable dans tous les sens du terme),
• une extension du concept de Grands-Parrains dans d’autres pays européens et francophones,
• l’implication de Grands-Parrains, chaque fois que possible, dans toute recherche fondamentale et/ou appliquée autour des liens intergénérationnels et des transmissions transgénérationnelles.
Quelques réflexions suite à l’expérience de l’impact sociétal de Grands-Parrains
Il ne nous semble pas nécessaire de mettre des professionnels à tout prix dans chaque association, mais, en l’occurrence, pour une association telle que Grands-Parrains, quand celle-ci a comme objet de renforcer le lien affectif auprès de membres d’une famille qui aurait des fragilités, il nous semble indispensable d’apporter du professionnalisme dans la sélection, la mise en place, la supervision et l’évaluation de nouveaux liens affectifs auprès de ces membres. De manière à mobiliser la société civile de proximité dans le renforcement de la cohésion sociale locale tant en évitant des effets pervers par des jugements intempestifs et/ou des interventions déstabilisant des relations intrafamiliales qui comporteraient des signes de fragilités.
L’expérience de Grands-Parrains pendant 20 ans a démontré que ce professionnalisme pouvait être apporté que par des bénévoles engagés civiquement, mais déployant une vraie organisation professionnalisée et mobilisant tout leur temps, leur force de travail, leurs réseaux d’amis, etc.
Ce modèle a peut-être vécu, du fait d’évolution des formes de l’engagement bénévole, surtout si le niveau d’exigence de qualité du contrôle des grands-parrainages s’accroît quand le choix est fait d’aller vers des situations familiales encore plus fragiles que le simple éloignement géographique des grands-parents de leurs petits-enfants ou la disparition des grands-parents.
Ce type d’évolution de l’accompagnement de structures familiales pose la question des métiers qui seraient nécessaires à créer et à installer, puis à évaluer.
Quelles leçons à en tirer pour le Maroc ?
L’article 34 de la constitution marocaine du 1er juillet 2011 précise :
• « Les pouvoirs publics élaborent et mettent en œuvre des politiques destinées aux personnes et aux catégories à besoins spécifiques. A cet effet, ils veillent notamment à traiter et prévenir la vulnérabilité de certaines catégories de femmes et de mères, des enfants et des personnes âgées ».
Dans ce cadre, du fait de l’évolution de la structure familiale au Maroc, il semble nécessaire de créer un nouveau métier d’utilité sociale, au niveau technicien spécialisé, celui d’accompagnateur socio-familial, avant d’envisager ceux de coordonnateur d’interventions socio-familiales (niveau licence professionnelle) et d’ingénieur socio-familial (niveau master 2 professionnel et diplôme d’ingénieur).
Outre la pénétration d’autres modes de vie dans le quotidien des familles et l’éclatement géographique éventuelle de celle-ci du fait de la migration économique, voire de la nucléarisation de la structure familiale, le taux de fécondité par femme en âge de procréation est de 2,21 enfants par femme en 2014 contre 2,47 en 2004 et 7,2 en 1962. En milieu urbain, la fécondité est passée en dessous du seuil de remplacement des générations avec un taux de fécondité de 2,01 contre 2,15 en 2004 et 7,77 en 1962. En milieu rural, il s’établit à 2,55 en 2014 contre 3,10 en 2004 et 6,91 en 1962. Cette tendance laisse présager une convergence de la fécondité entre les deux milieux de vie.
L’axe social du concept de développement durable nécessite d’anticiper les risques sociaux qui pourraient subvenir dans le futur de manière à garder et à renforcer la cohésion sociale du Maroc autour des valeurs familiales.
Or, pour ne prendre qu’une partie des problématiques qui apparaissent dans la structure familiale au Maroc, autour de l’allongement de la vie et de la perte d’autonomie de personnes âgées, lesquelles sont souvent avec peu de ressources propres de surcroît, étudions le rapport « Les personnes âgées au Maroc : profil, santé et rapports sociaux » (qui analyse les données de l’Enquête nationale personnes âgées de 2006).
Il ressort de ce rapport que les personnes âgées, si elles attendent d’abord de l’aide des enfants vivant en ménage avec elles, puis de leurs autres enfants, elles sont demandeuses beaucoup plus de l’Etat (qui apporte pour l’instant peu, sauf en posant un cadre pour les maisons de bienfaisance gérées par des associations caritatives musulmanes pour les personnes sans famille et en développant le RAMED) que de la famille au sens large (communauté de proximité) :
• 45% des personnes âgées interrogées pensent que ce sont les enfants qui doivent les accompagner dans l’assistance au quotidien, mais 35,5% que c’est l’Etat et seules 11,3% la famille élargie,
• 74% d’entre elles imaginent que ce sont les enfants qui devraient les accueillir, mais, par défaut, près de 70% de personnes âgées que c’est l’Etat qui doit le faire dans des « institutions spécialisées », alors qu’aujourd’hui 99,3% déclarent ne recevoir aucune aide morale d’une institution.
Ce niveau d’attente de l’action de l’Etat devrait sûrement ressortir de l’analyse des autres problématiques que peuvent rencontrer une famille, à travers les différentes générations qui la composent.
Aussi, si des prestations sociales et médicosociales devraient être développées par l’Etat et les collectivités locales en application de l’article 34 de la constitution, quitte à s’appuyer, par délégation, sur la société civile de proximité et les structures de l’économie sociale et solidaire, il semblerait nécessaire d’instaurer au Maroc une nouvelle filière de métiers d’utilité sociale, d’accompagnement socio-familial des familles, afin que celles-ci gardent toutes leurs responsabilités affectives auprès de leurs membres les plus fragiles, tout en étant soutenues dans les charges psychiques et physiques qu’elles pourraient subir au quotidien, de par les problématiques posées par la fragilité de leurs membres.
En guise de conclusions, vers un nouveau métier d’utilité sociale au Maroc : celui d’accompagnateur socio-familial
En France, le métier de technicien d’intervention socio-familial (anciennement travailleuse familiale) est focalisé sur les difficultés que la famille pourrait rencontrer autour des enfants. Le technicien peut être dépêché en soutien à des parents placés dans l’impossibilité temporaire de faire face au quotidien, en cas par exemple d’hospitalisation d’une mère célibataire ou de survenu d’un handicap. Il peut également intervenir dans le cadre de la protection de l’enfance (sous mandat d’un assistant de service social ou des services de justice) pour des situations de maltraitance, en cas de divorce difficile, ou pour encadrer les droits de visite de parents qui se sont vus retirer la garde de leur enfant.
Mais, à la différence du métier d’aide familial en Belgique et au Luxembourg, le technicien d’intervention socio-familial n’intervient pas en France auprès des personnes âgées. Il suffisait d’être une « bonne mère » pour être compétent pour intervenir comme aide-ménagère auprès de personnes âgées. Même si le métier s’est professionnalisé, depuis, par l’obtention d’un certificat d’aptitude aux fonctions d’aide à domicile, puis d’un diplôme d’Etat d’auxiliaire de vie sociale.
Dans le Cône sud de l’Amérique du Sud, qui est aussi touché par l’allongement de la vie, avec la structure familiale qui évolue et une migration économique, les pouvoirs publics pensent à organiser des « services d’attention à domicile ». Même si cette notion d’attention à domicile est la résultante de la traduction littérale de l’espagnol en français, elle mérite sûrement de s’y attarder.
Comment pouvons-nous aider la famille à rester maître de son ménage et de l’environnement de celui-ci, sinon en l’aider à renforcer ses capacités d’agir sur ceux-ci (pour ne pas employer le mot d’empowerment) ? Au-delà du rôle d’autres travailleurs sociaux, comme l’assistante sociale qui peut permettre l’accès à des droits ou l’aide à domicile qui peut exécuter des tâches ménagères.
Les problématiques rencontrées par une famille sont vastes, autour de la naissance, de la période préscolaire, de l’adolescence, voire de la préadolescence, du grand âge, etc., problématiques qui peuvent être renforcées en cas de déficience physique et//ou psychique d’un de ses membres ou de dysfonctionnement de la structure familiale, pouvant entraîner violences et maltraitances.
A travers une connaissance de l’ensemble de ces problématiques et une capacité d’adaptation à chaque situation (sans apporter un jugement face à la complexité de celle-ci), le métier d’accompagnateur socio-familial semble pouvoir embrasser toutes ces problématiques, quitte à s’appuyer à des expertises spécifiques qu’auraient certains accompagnateurs socio-familiaux ou ressources qui seraient disponibles en « 2ème rang », surtout pour des niveaux d’expertise importants autour de la médiation familiale, nécessitant des compétences en analyse systémique (en France, le débat n’est toujours pas tranché entre l’intérêt d’avoir des travailleurs sociaux intégralement polyvalents [au risque de frôler un « intégrisme » dans les pratiques] ou des travailleurs hyperspécialisés se renvoyant les usagers comme au ping-pong…).
Sur la base d’un plan d’intervention construit avec l’ensemble des acteurs qui interviennent auprès de la famille, le premier objectif d’un accompagnateur socio-familial est d’aider les membres du foyer à accomplir les actes de la vie quotidienne tout en pesant leurs décisions, de façon éclairée, quant à leurs choix de vie.
Pédagogue, il conseille en matière de gestion du budget quotidien et transmet des savoir-faire.
Avec des personnes en voie de marginalisation, son action se double d’un soutien à l’insertion et à l’exercice de la citoyenneté, notamment en délivrant des informations sur les droits et les devoirs et en contribuant à la mise en œuvre d’actions individuelles ou collectives.
Avec des parents fragilisés, il peut accompagner l’exercice de la fonction parentale, par exemple en aidant à accueillir et à prendre soin du nourrisson. Comme celle d’enfant de son parent pour la fille qui doit aider son père ou sa mère pour des décisions existentielles, voire pour la toilette intime, sans s’estimer devenir parent de son parent, pensant ce qu’il est bon pour celui-ci contre sa volonté…
Autant de compétences qui expliquent que ce travailleur social est désormais couramment associé aux politiques d’insertion sociale développées par les associations d’aide aux familles en difficulté, aux demandeurs d’asile, etc.
S’impliquer dans le quotidien de familles ou de personnes en difficulté n’est pas anodin. Il s’agit d’un métier qui nécessite beaucoup de subtilité dans la relation d’aide pour ne pas faire à la place de la personne, comme, en même temps, une capacité à s’extraire des situations pour conserver la neutralité du travailleur social, ne pas déstabiliser encore plus des relations très fragiles dans la famille et ne pas être pris en otage entre les membres de la famille. La faculté d’adaptation à des situations très diverses et un bon équilibre personnel sont donc indispensables.
Un référentiel métier, un référentiel formation, le cursus de formation, des critères de validation d’acquis d’expérience professionnelle, etc., seraient à concevoir pour installer ce nouveau métier d’utilité sociale, pour accompagner l’évolution de la structure familiale au Maroc et pour renforcer la cohésion sociale de la société marocaine…
Jean-Michel Caudron, président national de Grands-Parrains,
et Michelle Joyaux, présidente-fondatrice de Grands-Parrains
Convention industrielle de formation par la recherche
Dispositif local d’accompagnement
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