L’Assemblée générale d’aujourd’hui coïncide avec le 29iéme anniversaire du CERSS . En effet le Centre a été créé en mai 1993. Depuis sa création le CERSS a tenté de respecter les échéances successives. Cela explique le nombre d’assemblées générales depuis la création de la structure.
Après la dernière Assemblée générale le 25 avril 2019, l’année 2019 s’achevait sous le poids de lourds événements dont les meurtres terribles de Christchurch et l’effondrement de Daech n’étaient pas les moindres, sans oublier certaines péripéties dramatiques du séparatisme catalan.
Autrement les trois dernières années ont été particulièrement marquées par des faits de grande envergure qui ont pesé lourdement sur les choix et les activités du CERSS.
La pandémie (le confinement mondial, la course aux vaccins, la vaccination pour tous, le passe vaccinal…) a été le fait majeur qui a à la fois limité et dynamisé les travaux du Centre. Ses contraintes ont permis de découvrir ses opportunités, dont la culture numérique ne fut pas la moins importante.
Le retour de l’Etat a constitué l’un des phénomènes qui ont le plus orienté nos thématiques de recherche de la phase qui vient de s’écouler. Ce retour de l’Etat a représenté une sorte de prélude à la montée d’un Etat social plus plus ample, plus significatif, avec plus de force que jamais par le passé, notamment avec une perspective plus accentuée de réforme du système de protection sociale. Tout autour, la dimension sociale était très présente durant ces trois années : les mouvements sociaux, les violences conjugales, la réforme des retraites, le débat sur la caisse de compensation, les tendances exprimant une orientation vers une assurance-chômage, la question migratoire…
Ni la pandémie ni les préoccupations sociales n’ont empêché la poursuite des problèmes politiques régionaux (libyen, yéménite, le Golfe, la guerre entre Israël et le Hamas, la guerre entre l’Arménie et l’Azerbaidjan, l’assassinat du général Qassem Suleimani…), et bien d’autres figures de la conflictualitémondiale ou régionale, avec un emploi maximal de la force…
Le contexte des trois années précédentes fut aussi marqué par les nouvelles dynamiques dans les provinces du sud, au-delà de l’épisode de Gueruarate, les crises avec l’Allemagne, l’Espagne, l’Europe…
Les années qui se sont écoulées ont connu un événement à la fois économique, politique et culturalo-sociétal qui dans une perspective globale a vu le jour naturellement et qui ne pouvait laisser indifférents les chercheurs du CERSS : la réflexion collective sur le Nouveau Modèle de Développement.
Le CERSS avec l’ensemble de ses chercheurs, de manière directe ou indirecte, a participé à cette réflexion collective à travers l’élaboration d’un memorandum qui développe des éléments qualitatifs pour un développement autre. L’élément de fierté pour le Centre est qu’il a mobilisé l’ensemble de ses ressources humaines, et qu’au vu des résultats, il paraît à travers cette réalisation représenter un authentique moment d’analyse, de réflexion et de projection citoyen, notamment des cercles civils associatifs liés au CERSS.
Le tableau des activités remontant à la période antérieure à 2019 et qui figuraient déjà dans le plan triennal précédent du CERSS ( les mutations sociales, des questions sociales spécifiques, la question de la femme, les mouvements sociaux, l’observation des élections, le rapport stratégique…) ont été pour l’essentiel réalisés.
Les situations vécues au cours des trois années précédentes semblent avoir inspiré de nouvelles orientations pour la recherche et la formation centrées sur le savoir numérique, ses multiples impacts, ses limites, ses perspectives, notamment ses effets sur les pesanteurs sociales ; les nouvelles dimensions de l’écologie et des variations climatiques ( à la faveur des COPE successives, de l’affirmation des mouvements écologistes partout dans le monde…) . Nombre d’événements à venir, déjà dument annoncés, attestent de l’importance des thèmes relatifs au changement climatique en 2022 (conférence et congrès sur la biodiversité sur la situation au niveau international des forêts, sur la désertification, le forum urbain mondial, sur les océans, sur le changement climatique…).
Les caractéristiques politiques de la période qui vient de s’écouler (les néo-autoritarismes, les élections du Covid ou de manière plus large la question de la participation politique en période de crise, les rapports entre les civils et les militaires, les limites de la réforme politique, les coups d’Etat et les coups de force (Birmanie, Tchad, Guinée, Mali, Tunisie Soudan, le nouveau rapport de la Chine avec Hong Kong…)
Une autre perspective appelle l’attention : l’Assemblée Générale des Nations Unies a proclamé l’année 2022, année internationale des sciences fondamentales pour le développement durable. L’intérêt doit être constant sur les conditions matérielles, morales et épistémologiques de production du savoir en sciences sociales et humaines dans le pays. A ajouter à cela l’intérêt que le CERSS a constamment apporté au lien entre la science et la démocratie.
La première tâche à venir du CERSS dans les semaines à venir est de travailler à développer un agenda de recherche qui rend compte de ces tendances. D’où la seconde partie du mot d’ordre de cette assemblée : vers un agenda de recherche , de réflexion et d’action pour la phase à venir.
Les thèmes d’avant et ceux des trois années précédentes ont été explorés, repris et parfois approfondis alors que la situation de ce que l’on appelle les thinks tanks semble avoir quelque peu évolué : leur nombre a manifestement augmenté, le phénomène souvent institutionnalisé (création de centres auprès de différentes universités, auprès du parlement..) ; une certaine spécialisation s’est affirmée (auprès d’une variété de thématiques (questions internes, situation des jeunes et des femmes, droits de l’homme… problématiques territoriales, études africaines, sur l’Afrique du Nord et sur la région dite Mena, etc.)… il a emprunté des positionnements variés (expertise, consulting, militantisme…) ; le paysage des thinks tanks s’est enrichi de centres d’information, de nouvelles pistes de réflexion, ou de plaidoiries sur des sujets inédits…
Le CERSS aura aussi à réfléchir sur la question de son identité, son positionnement, sa place et son rôle dans un environnement qui ne cesse de changer. D’où les termes centraux du mot d’ordre de cette Assemblée générale : savoir et action.
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