Introduction
Il ne fait pas de doute que l’accès à l’eau est un défi crucial du développement durable. La dimension environnementale du défi est évidente : il s’agit de préserver une ressource menacée aussi bien dans sa quantité que dans sa qualité et d’en faire un héritage sécurisé et garanti pour les générations futures[1].
L’eau revêt plusieurs fonctions : de survie, de sauvegarde, ou une fonction intégrative à travers les interactions qu’elle permet entre les espaces, les milieux et/ou les ressources et les communautés…elle se présente comme une ressource fragile et vulnérable à ménager et à protéger et elle est tout à la fois salvatrice et destructrice ; elle est source de vie, elle est la vie elle-même[2].
La relation entre l’homme et l’eau fait apparaître deux tendances[3] :
- Premièrement, la croissance économique est associée à une augmentation absolue de la consommation des ressources naturelles et de l’énergie » (Krausmann et al. 2009[4]) ;
- Deuxièmement, à mesure que les sociétés s’enrichissent, les progrès technologiques leur permettent d’utiliser les ressources et l’énergie plus efficacement, ce qui conduit à une dissociation relative de la croissance et de l’utilisation des ressources et de l’énergie (PNUE, 2011b)[5].
Par ailleurs, la question de la gestion de l’eau au niveau international est posée clairement. La réunion préparatoire intergouvernementale de la 13ème session de la Commission du Développement Durable (New York 28 février- 4 mars 2005) reconnaît que si les progrès sont réalisés, les questions relatives à la coordination inter-agences et à un suivi intergouvernemental dans le domaine de l’eau ont constitué un axe important à la CDD12 (2004).
Les Objectifs du Millénaire pour le Développement « ODM », arrêtés par l’Assemblée Générale des Nations Unies en 2000 visent à réduire par deux à l’horizon 2020 la proportion des personnes qui n’ont pas accès à l’eau potable et à l’assainissement minimum et accessible financièrement, première étape vers l’ultime objectif qui est l’accès universel. Le sommet Mondial pour le Développement (Johannesburg, 2001) introduit pour la première fois la préoccupation de l’assainissement. Enfin, un espace où peuvent se concrétiser des partenariats autour de projets concrets est créé.
Lorsqu’une telle ressource est en jeu, plusieurs considérations se posent quant à son rôle et son importance pour l’homme, cependant il est légitime d’inscrire la problématique de l’eau dans le mouvement de prise de conscience aussi bien national qu’international incarnée par les responsables de la gestion de l’eau, les universitaires ainsi que les différents acteurs de développement économique et social…, et se poser les questions suivantes afin de trouver des réponses appropriées :
- Pourquoi l’eau et si précieuse pour un développement durable ?
- Sommes-nous face à un problème de disponibilité de l’eau, ou devant un problème de gestion ?
- Si l’accès à l’eau s’est accru faut-il adopté une résolution reconnaissant l’accès à l’eau et à l’assainissement comme un droit humain fondamental ?
- La Coopération de chaque acteur du secteur pourrait-elle contribuer à un développement durable ?
De ce qui précède, on constate que la ressource eau est au centre des préoccupations des gouvernements, des organisations, de la société civile sur le plan national et international. Ainsi, l’inscription de la présente recherche dans cette mobilisation mondiale et locale suppose de se pencher dans un premier temps sur l’importance de la ressource eau.
L’eau, base d‘un partenariat social
Les relations entre les différentes couches sociales sont basées sur la solidarité incontournable devant le défi de l’eau. La dimension sociale ne doit pas être sous-estimée : l’accès à l’eau donne lieu à des inégalités de toutes sortes, entre pays ayant la maîtrise de la ressource et ceux en étant privés, entre régions abondantes en eau et régions arides, entre riches et pauvres selon les moyens de payer l’accès à la ressource, entre femmes et hommes selon les modalités sociétales de gestion de la ressource localement…Cette double action au niveau national et international érige l’eau en facteur de citoyenneté et passe inévitablement par un système de régulation adapté.
Il faut préciser que la société organise la protection, la gestion et la distribution de l’eau potable dans le cadre d’un partenariat social associant tous les acteurs économiques et sociaux et non dans le cadre d’un marché soumis aux lois du commerce. A cette fin, la société adopte et met en œuvre des règles de comportement et des interdits de façon à gérer le bien commun conformément à l’intérêt général, cependant, la répartition de l’eau obéit à des règles politiques et sociales bien plus qu’à des règles économiques.
Ces règles ne sont pas toujours les plus efficaces d’un point de vue économique mais elles répondent à l’intérêt général, elles fixent les droits et obligations de chacun à l’égard de l’eau source de vie, elles organisent l’accès à l’eau, elles protègent l’eau (l’eau doit être respectée) et organisent sa distribution compte tenu de quatre dispositions dérogatoires :
- L’eau est empruntée et non appropriée ; elle doit être rendue en bon état physico-chimique ;
- La collectivité des usagers garde le contrôle de la ressource proprement dite et des principales infrastructures [6];
- Le prix de l’eau peut être inférieur à son coût (intervention forte des pouvoirs publics dans les prix) ;
- Chacun a droit à l’eau (l’eau doit être disponible partout et pour tous).
Ces règles de comportement social sont soutenues par des pratiques d’appropriation collective de la gestion de l’eau et par le recours à des instruments économiques et par des règles coutumières[7] ;
L’eau, base de solidarité
L’eau facteur de justice ou de paix sociale est l’alternative qui justifie largement une nouvelle solidarité et émergence autour de la thématique de la participation de tous au processus de décision internationale faisant de l’eau un facteur de citoyenneté[8].
Dans ce cadre, l’accès et l’utilisation optimale de la ressource en eau impose de nouvelle approche voire de nouveaux modes d’intervention dont l’opérationnalité est fondée sur l’équité, la solidarité et la subsidiarité. Un concept qui reconnait le droit de chacun et impose également des devoirs et des responsabilités au niveau interne des Etats en tant qu’acteurs internationaux.
L’eau et prise de conscience
L’éthique de l’eau est une perception morale, psychologique, philosophique de la valeur d’un bien (eau) propriété de tous. Un bien à respecter aujourd’hui, pour demain, car le devenir des générations futures en dépendant.
La crise de l’eau est évidemment liée à l’ignorance, surtout celle des valeurs humaines associées à l’eau : une éthique de l’eau est inexistante dans la plupart des consciences. Un problème aux dimensions planétaires, qui concerne toutes les couches sociales, particulièrement l’élite. Il ne s’agit là que d’une simple observation de la vie quotidienne de la société. Elle nous conduit à penser que l’ignorance, le culte du pouvoir et l’indifférence des hommes à une éthique de l’eau constituent les principales sources anthropiques de cette crise.
L’accès à l’eau qui est un devoir selon toutes les civilisations et les religions, citée dans la Bible et le Coran, s’est progressivement transformée en une obligation. Plus récemment cette obligation s’est transformée en un véritable “droit à l’eau”, c’est-à-dire le droit pour toute personne, quel que soit son niveau économique, de disposer d’une quantité minimale d’eau de bonne qualité qui soit suffisante pour la vie et la santé.
Cependant, la prise de conscience individuelle ou collective des problèmes liés à l’eau ne se traduit pas forcément par la perception de l’efficacité de l’action individuelle et collective. On observe selon les différents pays, des niveaux d’engagement très variables.
Il est vrai que la communauté Internationale a hissé l’eau au rang de priorité, voire de clé de développement durable, elle ne semble pas pour autant décidée à doter l’eau d’une convention-cadre, comme ce fut le cas pour la biodiversité ou les changements climatiques au cours du Sommet de Rio depuis 1992. En droit international, le droit à l’eau figure explicitement dans deux conventions mondiales en vigueur, à savoir la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (1979) et la Convention relative aux droits de l’enfant (1989). Il est aussi inscrit dans trois conventions régionales (Charte d’Addis-Abeba pour l’Afrique, Protocole de San Salvador pour l’Amérique latine et Protocole de Londres sur l’eau et la santé pour l’Europe). En novembre 2002, le Comité des droits économiques, sociaux et culturels a déclaré : « L’eau est indispensable à la vie et à la santé. Le droit de l’être humain à l’eau est donc fondamental pour qu’il puisse vivre une vie saine et digne » par Henri Smets[i].
Dans cette publication, et en s’intéressant au cas du Maroc, il est essentiel d’appeler la communauté internationale, à faire progresser le processus d’intégration des usages en accélérant la codification d’un droit international pour l’eau ; d’adhérer à certaines règles de solidarité autour de la gestion de l’eau pour pouvoir faire face aux enjeux tactiques et stratégiques qui découlent des conflits d’intérêts liés à l’utilisation de l’eau ; et d’accepter la participation de tous les usagers au processus de décision faisant de l’eau un facteur d’un développement durable.
Le contexte Marocain
Tout au long des millénaires qui ont précédé notre ère, le Maroc a consacré à l’eau toute l’attention qu’elle mérite en s’efforçant de rendre sa rareté une richesse. « Au Maroc, l’eau est le facteur essentiel de la fertilité des sols et conditionne par là tous les efforts d’expansion économique du pays [9]» avec une gestion traditionnelle qui constituent un patrimoine culturel et racontent le rapport de l’homme à l’eau et prend en compte les aspects productifs, religieux, coutumiers et écologiques grâce à des réglementations internes (héritage, nomination consensuelle) et aussi grâce à un savoir-faire et des techniques qui ont souvent été pratiquaient par les anciens (ils irriguaient leurs terres, alimentaient leurs villes, exploitaient les eaux souterraines, fabriquaient leurs tuyaux et utilisaient l’eau d’une foule d’autres manières)[10].
Aujourd’hui, avec un potentiel hydraulique mobilisable dans les conditions techniques et économiques actuelles estimé[11] à environ 22 milliards de mètres cubes, dont 18 milliards de mètres cubes d’eaux superficielles et 4,3 milliards de mètres cubes d’eaux souterraines (DRPE 2015)[12]. Le Maroc a réussi à bâtir un modèle de gestion de l’eau propre au pays et cité en exemple à l’échelle internationale ; Il a adhéré à plus d’une centaine d’accords environnementaux multilatéraux (AEM) relatives à la protection de l’environnement et au développement durable.
Les directives royales ont toujours appelé à faire de la protection de l’environnement l’une des priorités de tous les projets de développement économique et de placer l’amélioration du cadre de vie environnemental du citoyen au cœur des préoccupations des pouvoirs publics. C’est ainsi que le choix de l’option barragiste retenu à la fin de la période coloniale a été reconduit après l’indépendance ; L’eau est désormais érigée en facteur-clé de l’aménagement de l’espace. Cette politique a permis de doter le pays de plus de 148 grands barrages totalisant une capacité de stockage d’environ 17,6 milliards de mètres cubes et de plusieurs milliers de forages et de puits captant les eaux souterraines (DRPE 2015)[13].
L’importance d’un cadre juridique et réglementaire
L’eau devient de plus en plus rare alors que la demande devient de plus en plus forte, diversifiée et concurrentielle. L’exploitation et la gestion de l’eau sont devenues des enjeux stratégiques qui doivent à la fois répondre à des questions sociales, économiques, environnementales et politiques. Cependant, une gestion effective est l’existence d’un cadre juridique et réglementaire à même d’intégrer les particularités et la complexité de la question de l’eau. Des avancées majeures ont été enregistrées avec la promulgation de la loi sur l’eau 10-95 qui a instauré la gestion décentralisée des ressources en eau par bassin hydraulique et a introduit des mécanismes financiers de protection et de préservation des ressources en eau.
Or, si les défis sont mondiaux, c’est d’abord au niveau local que le programme 2030 doit être mis en œuvre afin de réduire les vulnérabilités et construire des communautés résilientes. Des stratégies à plusieurs volets sont nécessaires, surtout pour faire face aux inégalités persistantes dans et parmi les communautés locales et les économies où les besoins en développement et la dépendance aux ressources naturelles sont majeurs.
La vision proposée par le Maroc, est l’aboutissement d’un diagnostic approfondi qui repose sur l’intégration des 4 piliers fondamentaux du développement durable ; notamment économique, social, environnemental et culturel.
L’importance du pilier économique
Le pilier économique est sans aucun doute la locomotive de la vision car sans économie saine et performante aucun développement durable n’est possible. Les secteurs disposent de leurs stratégies et les politiques volontaristes de l’État soutiennent le développement économique du pays[14].
Les subventions et Programmes Nationaux
Le principal instrument utilisé au Maroc pour créer des incitations financières pour les entreprises afin de passer vers les modes de production industriels moins polluants sont les subventions (dons), principalement sous l’égide du Fonds de développement industriel (FODEP) et, plus récemment, le «Mécanisme volontaire de dépollution des eaux industrielles».
Il convient de noter que l’initiative Nationale de Développement Humain, lancé par le souverain en 2015, dont l’objectif de réduire la pauvreté, la vulnérabilité et l’exclusion sociale. Il a été soutenu par des prêts de la Banque Mondiale. La première phase de l’INDH durant 2006-2010 a bénéficié d’une aide budgétaire totale de 1,7 milliards de dollars, qui a été élevée à 2,1 milliards de dollars pour la seconde phase de 2011-2015. Parmi les activités figure l’amélioration des conditions d’accès aux services d’infrastructure de base, tels que l’éducation, la santé, les routes, l’approvisionnement en eau et l’assainissement, et la protection de l’environnement. L’INDH a entre autres, cofinancé les raccordements aux réseaux d’approvisionnement en eau et d’assainissement pour les établissements informels des grandes villes. En outre, des projets pilotes ont été développés par les sociétés privées de l’eau à Casablanca, Tanger et Tétouan, ainsi que par l’entité publique à Meknès grâce à une aide axée sur le résultat.
Le partenariat public-privé
A souligner que les nouvelles politiques de l’eau, qui se sont traduites par la mise en place d’un PPP, interviennent dans un contexte de déficit d’investissement public dans le secteur de l’eau ; une politique où l’installation des infrastructures hydrauliques fut présidée par la participation des populations à la construction et à la gestion des ouvrages ainsi que par l’adoption de modes de gestion plus ouverts (gestion communautaire, gestion déléguée), où l’Etat ne joue plus le rôle central qui lui était naguère reconnu.
La participation du secteur privé dans le secteur de l’eau peut être un des facteurs clés de succès et aussi un moyen efficace de mobiliser des investissements et de renforcer l’autonomie et la responsabilité des prestataires de services. En principe, le secteur privé peut participer à tous les sous-secteurs de l’eau. Il est surtout actif dans la distribution d’eau, l’assainissement et l’irrigation.
La gestion à travers le partenariat public-public
Les ministères directement impliqués dans les questions liées à l’eau et à l’assainissement disposent chacun d’eux d’une structure administrative qui les représentent localement. A travers des mécanismes permanents destinés à agir en amont pour élaborer dans la concertation la politique de l’eau, la régulation, établir les priorités, définir les modes de financement et les affectations budgétaires voir d’accompagnement et en aval évaluer les résultats et réaliser l’accompagnement apparaissent aujourd’hui indispensables.
Gestion de l’offre et gestion de la demande
En effet, les objectifs escomptés de quantité et de qualité exigent rapidement d’enclencher un équilibre entre l’offre et les demandes dans le cadre d’une justice distributive. « Rendre l’eau potable accessible à tous implique de prendre en charge une partie du coût de l’eau des plus pauvres »[15]. Cette politique est mise en œuvre par les subventions versées directement par les pouvoirs publics aux services de l’eau ainsi que par des mécanismes de péréquation du prix de l’eau (subventions croisées) qui transfèrent une partie du coût de l’eau de certains usagers sur d’autres.
Les pistes en la matière sont nombreuses, et il ne peut en être autrement pour un problème aussi complexe que la gestion de l’eau. Pour clarifier les choses, il faut commencer par distinguer la gestion de l’offre et celle de la demande.
La politique de l’eau s’est longtemps focalisée sur l’offre, notamment par la multiplication des efforts et des investissements en vue de garantir la mobilisation de ressources suffisantes. Ainsi, La gestion de la demande a pratiquement été ignorée ; elle n’est devenue une préoccupation que lorsque les premières crises sont apparues, du fait de l’accroissement de la demande ou de la diminution du potentiel, après la sécheresse constante des années 80-85.
Cependant, orienter de l’eau vers une utilisation optimale, mène à égaliser la valeur d’une unité marginale d’eau pour tous les utilisateurs potentiels[16].
Pour répondre à des besoins croissants, la maitrise de l’eau consiste d’abord à stocker, et faire preuve que ceux qui savent récolter les pluies ne manqueront pas d’eau. A travers une gestion intégrée de l’eau qui présente de nombreux avantages : elle permet de fournir de l’eau régulièrement aux agriculteurs et de moins faire dépendre leurs activités des aléas climatiques ; elle aide à créer de l’activité et de l’emploi urbain ; elle réduit en aval le niveau de pollution de l’eau rejetée par les villes.
La décentralisation
Les structures administratives sont appelées à intervenir directement ou indirectement au Maroc. S’il est nécessaire que les différents ministères adoptent la dimension « eau et assainissement » dans leurs programmes, des institutions supérieures, des offices et des services extérieurs leur sont reliés et tous interviennent selon leur sphère de compétence et dans une logique interne[17]. La loi 10-95 apporte une réponse. Elle présente la gestion décentralisée et intégrée au niveau de chaque bassin hydrographique et témoigne le rôle du Conseil Supérieur de l’Eau et du Climat pour offrir un espace de coordination.
La décentralisation, confère un rôle important aux collectivités territoriales dans le secteur de l’eau et le transfert du secteur de l’eau aux communes appellent un repositionnement des acteurs concernés par l’accès à la ressource en eau et sa gestion. Cela implique l’émergence aux côtés de l’Etat, d’autres acteurs et le renforcement de l’action publique locale et de l’action citoyenne en particulier.
Les services déconcentrés de l’hydraulique qui, auparavant, s’occupaient de la programmation et de la mise en œuvre des politiques hydrauliques conservent un rôle important en matière de régulation, de conseil et de formation.
A cet égard, le processus marocain de décentralisation pourrait mettre en place des mécanismes destinés à sauvegarder l’autonomie de décision au niveau local et d’assurer aussi un partenariat (plutôt qu’une tutelle seulement) entre l’Etat et les autres intervenants – population, structures de développement, ONG, secteur privé, intercommunalité – basé sur des mécanismes de gestion concertée et d’arbitrage.
La gestion sectorielle
Le secteur agricole est soumis à des aléas climatiques intenses, en effet, sans pluies, la croissance économique se rétracte. 70% des terres cultivées au Maroc sont attribuées aux céréales, élément indispensable pour la nutrition. Alors que le PIB total du Maroc est totalement dépendant de la croissance agricole, cependant La sécheresse de 2012 a eu un impact négatif sur l’économie avec une perte massive d’emplois et un taux de chômage qui avait augmenté[18].
A noter que le Maroc a permis de disposer d’acquis indéniables. Les mesures prisent par la stratégie nationale de l’eau permettront de faire des économies de 2.5 Milliards de m3/an (à travers des actions sur la demande) et de dégager une ressource en eau additionnelle de 2.5 Milliards de m³/an (à travers l’action sur l’offre).En 2016 on peut dire que le Royaume a atteint ses objectifs avec une augmentation de plus de 50% de la valeur ajoutée agricole, 48% de hausse des revenus des agriculteurs et 34% d’exportations agricoles supplémentaires.
Pourles superficies aménagées par les soins de l’Etat sont passées de 137.000 ha en 1967 à plus d’un million d’ha aujourd’hui. Les aménagements hydro-agricoles réalisés ont concerné aussi bien les périmètres de grande hydraulique (685.000 ha) que les périmètres de petite et moyenne hydraulique (334.000 ha)[19] répartis sur l’ensemble du territoire national et qui jouent un rôle déterminant dans la conservation des ressources naturelles, la valorisation des ressources en eau difficilement régularisables et dans la lutte contre la désertification. A ces aménagements réalisés par l’Etat viennent s’ajouter les aménagements réalisés par le privé qui portent sur plus de 400.000 ha[20].
Conclusion
Nous devons être conscients de l’ampleur du pari du développement durable, en Gardons à l’esprit que l’eau n’est pas seulement une ressource parmi d’autres qui serait à connaître, à maîtriser, à contrôler et à consommer elle est l’élément vital par lequel ou à cause duquel tel peuple s’est retrouvé à tel moment précis de son histoire à tel endroit et dans telle situation ;
Mais toute l’importance de l’eau, ne peut être appréciée que si nous l’envisage comme élément du système naturel dont dépend la vie[21]. Il faut que Le secteur recèle un important potentiel de croissance et de transformation économique, pour que la mise en valeur de ce potentiel s’inscrive dans un cadre de gouvernance solide, en donnant principalement de l’importance aux questions d’environnement et de changements climatiques.
Il est temps de revisiter la gestion de l’eau, dans un cadre législatif rationnel, organisationnel et institutionnel coordonné qui inscrit Le droit de l’eau dans les objectifs du développement durable en tant que patrimoine écologique
Il n’existe pas de modèle « clé en main » unique qui permette à n’importe quel service public de parvenir à fournir une eau potable à tous à un prix abordable, mais les différents exemples– services municipaux, coopératives d’usagers, coopératives de salariés, partenariats entre communauté et entreprise publique, partenariats public-public – offrent tous des informations, des pistes et des enseignements précieux.
NASSE ALAOUI Nadia
Doctorante-Chercheur
Institut National D’Aménagement et D’Urbanisme
Laboratoire : Gestion des Risques et Développement Territorial
BIBLIOGRAPHIE
Textes Juridiques
- Loi n° 36-15 sur l’eau
- Loi-cadre n° 99-12 portant charte nationale de l’environnement et du développement durable
- Loi n° 11-03 relative à la protection et à la mise en valeur de l’environnement promulguée par le Dahir n° 1-03-59 du 10 Rabii I 1424 (12 mai 2003)
- Décret n° 2-97-787 du 6 chaoual 1418 relatif aux normes de qualité des eaux et à l’inventaire du degré de pollution des eaux
- Décret n° 2-05-1533 du 14 moharrem 1427 relatif à l’assainissement autonome
- Décret n° 2-04-553 du 13 hija 1425 relatif aux déversements, écoulements, rejets, dépôts directs ou indirects dans les eaux superficielles ou souterraines
- Décret n°2.19.721 portant création de la commission nationale des changements climatiques et de la biodiversité (Bo n° 6880 du 7 mai 2020)
- Décret n°2.19.452 en date du 14 dhou al q’ida (17 juillet 2019) relatif à l’organisation de la commission nationale de développement durable
Etudes, Programmes et Rapports officiels :
- Programme National d’Assainissement Liquide et d’Epuration des Eaux Usées (PNA).
- Stratégie de l’Eau et ses objectifs de protection des ressources en eau et du milieu naturel et d’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement
- Plan National d’Aménagement des Bassins Versants.
- Plan Maroc Vert et son objectif de protection et conservation des ressources naturelles, notamment par l’économie et la valorisation de l’eau agricole, la réduction de la pollution des sols, la promotion des énergies propres en agriculture.
- Stratégie énergétique et ses objectifs d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre et de protection des ressources naturelles,
- Plan Emergence pour l’industrie et ses contributions environnementales comme le déploiement de zones industrielles à « management vert », et comme la promotion de la certification environnementale ISO 14001 auprès des entreprises.
- Plan National de l’Eau (Rapport définitif –2013)
- Plan Rawaj de développement du secteur commercial, qui limite les impacts environnementaux des lieux commerciaux, et optimise l’eau, l’énergie et la gestion des déchets.
- INDH et ses objectifs de réduction de la pauvreté et d’amélioration du niveau de vie, permettant de limiter la pression sur les ressources naturelles.
Livres – Articles scientifiques
- livre du droit de l’eau au droit à l’eau au Maroc et ailleurs de Houria Tazi Sadeq page 29.
- Acte du Congrès de Vienne du 9 juin 1815, Article 108 :http://mjp.univ-perp.fr/traites/1815vienne2.htm
- Projets d’articles sur la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite (2001. Nations Unies) :https://www.genevawaterhub.org/sites/default/files/atoms/files//articles_sur_la_responsabilite_de_letat_.pdf
- La bonne gestion de l’eau : un enjeu majeur du développement durable Laurent Baechler dans l’Europe en formation2012/3 (n° 365), pages 3 à 21
- Krausmann, f, lucht, w. Et haberl, h, ‘growth in global materials use, gdp and population during the 20th century’. Ecological economics 68(10) : 2696-2705, 2009.
- la sensibilisation aux valeurs liées à l’eau et à la bonne gouvernance – réglementation sociale d’un bien économique dans un esprit de solidarité de HenriSmetshttps://doi.org/10.4000/vertigo.1966
- La crise de l’eau, une crise culturelle Cas de l’étage bio climatique de l’aride oasis de Biskra (Algérie) par Abdelaziz Gaouar : https://doi.org/10.4000/vertigo.2008
- le partenariat public-privé dans le secteur de l’eau au Niger : autopsie d’une réforme Mahaman Tidjani Alou. P 161-177.
- Freund b. lootvoet, b, « où le partenariat public-privé devient l’instrument privilégié du développement économique et local. L’exemple de Durban, Afrique du sud », revue tiers monde, nº 181, janvier- mars 2005.
- Elhadj Dagobi, a. olivier de sardan, j.-p., « la gestion communautaire sert-elle l’intérêt public ? Le cas de l’hydraulique villageoise au Niger », politique africaine, nº 80, 2000, pp. 153-168.
- article du 08/12/2017 Bmce Bank Of Africa, L’AFD et la BEI s’associent pour préserver les ressources en eau au Maroc
[1] La bonne gestion de l’eau : un enjeu majeur du développement durable LaurentBaechlerdans l’Europe en formation2012/3 (n° 365), pages 3 à 21
[2],« Plutôt que d’être nécessaire à la vie, l’eau est la vie elle-même », disait Saint-Exupéry.
[3] La disponibilité des ressources mondiales et sa portée pour la compétitivité de la suisse – rapport final publié le 9 septembre 2014
[4]Krausmann, f., lucht, w. ET haberl, h., ‘growth in global materials use, gdp and population during the 20th century’. Ecological economics 68(10): 2696-2705, 2009.
[5]Pnud, human development report 2011. Sustainability and equity: a better future for all. Palgrave Macmillan et Pnud, Basingstoke, 2011
[6]La sensibilisation aux valeurs liées à l’eau et à la bonne gouvernance – réglementation sociale d’un bien économique dans un esprit de solidarité de HenriSmetshttps://doi.org/10.4000/vertigo.1966
[7]Idem.
[8]Livre du droit de l’eau au droit à l’eau au Maroc et ailleurs de HouriaTaziSadeq page 29.
[9]Une observation d’un témoin de l’époque du protectorat, a. Sonnier ‘’régime juridique des eaux au Maroc ‘’op. Cit, p.1.
[10]J.bonnin, « l’eau dans l’antiquité, l’hydraulique avant notre ère », édition eyrolles, collection de la direction des études et recherches d’électricité de France, paris, 1984, 450 pages.
[11]Une estimation qui reste tributaire du niveau d’évaporation des eaux et de l’intensité des précipitations qui dépendent du changement climatique.
[12]Direction de la recherche et de la planification de l’eau. 2015. Les sources de pollution de l’eau au Maroc, 24 p.
[13]Direction de la recherche et de la planification de l’eau. 2015. Les sources de pollution de l’eau au Maroc, p. 27
[14]Conformément à la constitution de 2011, qui a consacré le développement durable en tant que droit pour tous les citoyens, et aux dispositions de la loi cadre 12-99 portant charte nationale de l’environnement et du développement durable, le Maroc a élaboré sa stratégie nationale de développement durable (sndd) adoptée lors du conseil des ministres présidé par sa majesté le roi Mohammed vi le 25 juin 2017.
[15]Idem.
[16]VoirFaoFao, coping with water scarcity : an action Framework for agriculture and Food security, Fao water reports, 2008, p. 38-41).
[17]Livredu droit de l’eau au droit à l’eau au Maroc et ailleurs par HouriaTaziSadeq page 129.
[18]Article : plan Maroc vert : quel bilan ?publié le 25 décembre 2017 sur : discoverymorocco.net/plan-Maroc-vert-bilan/
[19]Séminaire de promotion du semide et sur l’utilisation dessystèmes d’information géographique pour la gestion et la protection des ressources en eau Rabat du 27 au 28 avril 2005- gestion de l’eau d’irrigation au Maroc – M’HamedBelghitiingénieur du génie rural -chef de service des études généralesadministration du génie rural ;
[20] M’HamedBelghiti – ingénieur du génie rural -chef de service des études générales – administration du génie rural ;
[21]Ayres, r.u., ‘sustainability economics: where do we stand?’ ecological economics 67(2): 281-310, 2008.
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