L’histoire des Maisons de Jeunes (MJ) au Maroc

Les Maisons de Jeunes (M.J.) jouent un rôle très important dans l’intégration et l’éducation des populations jeunes, mais elles sont loin d’être généralisés à tout le territoire marocain. Les disparités sont constatées entre les villes et entre centres et périphéries. Ainsi, dans la majorité des villes marocaines, dont les populations jeunes constituent une proportion importante, la situation relative aux maisons de jeunes reste préoccupante.

D’importants groupes de jeunes demeurent exclus et ne bénéficient d’aucunes activités éducatives, artistiques, culturelles et sportives à cause du manque d’équipements nécessaires, d’encadrement approprié, d’encouragement et de soutien des pouvoirs publics locaux.

En effet, ce que l’on veut atteindre nous force à écouter le langage des chiffres espérant qu’il nous aide à améliorer la situation alarmante des maisons de jeunes marocaines, le site du Ministère de la Jeunesse et du Sport indique la présence de 510 Maisons de Jeunes (MJ) : dont 294 au milieu urbain (57%) et 216 au milieu rural (42%).

Vu l’augmentation du nombre des jeunes, les statistiques officiels affirment que leurs nombres dépassent les 10 millions. Cependant, ces maisons ne sont pas en mesure de satisfaire les différents besoins de divertissements pour ce grand public.

Le fait de s’arrêter sur le processus historique des maisons de jeunes au Maroc va sans doute éclaircir de plus en plus l’image sur ces établissementset d’approfondir la connaissance des rôles importants qu’elles remplissaient au sein de la société depuis l’indépendance.  

L’histoire des MJ au Maroc peut être appréhendée en 3 périodes[] :

  • Le temps des soubassements des MJ : « 1941-1957 » et  « 1958-1969 »
  • L’essor et la maturation : « 1970-1984 »
  • La transformation des rapports aux collectivités locales : « 1985 à nos jours »

1- Le temps des soubassements des MJ : « 1941-1957 » et  « 1958-1969 »

Le processus historique des maisons de jeunes au Maroc, était lié aux transformations politiques et sociales lors du protectorat.Le colonisateur français a promulgué lepremier Dahirle 18 février 1941 afin de constituer un établissement de la jeunesse et du sport pour des raisons coloniales.

Cependant, après cette période, il y a eu lieu d’autres dahirs dansles années 1942, 1943, 1944 et 1946, fondés sur l’imposition des politiques coloniales à travers la constitution des clubs culturels, substitués après sous le nom des clubs de jeunes.

La promulgation du Dahir du 15 novembre 1958, relative aux libertés publiques, considéré comme étant le cadre principale du travail politique et associatif au Maroc, plusieurs organisations et associations ont été créées.

Ce changement a eu un impact positif sur ces établissements, dans le sens de l’encadrement et la préparation de la jeunesse marocaine pour la période d’après l’indépendance. Elles représentaient un champ social ouvert à tous les acteurs du développement social quel que soit leur appartenance.

Après l’indépendance, les clubs de jeunes ont eu comme nom les maisons de jeunes,qui ont contribué par la suite à la création d’un ensemble d’institutions nationales, ce qui a donné naissance à un esprit civique basé sur des nouvelles valeurs de citoyenneté, de solidarité, d’entraide et de bénévolat.

Pendant les années soixante, les changements sociopolitiques et socioculturels dans plusieurs paysd’Europe et surtout en France,ont eu une influence directe sur les politiques publiques marocaines.

2- L’essor et la maturation : « 1970-1984 »

A l’avènement des années 70, l’amélioration dans la formation des ressources humaines et l’évolution dans l’encadrement professionnelle, ont poussé à l’instauration de quelques instituts et écoles supérieurs d’éducation et formation, c’est le cas par exemple de l’institut royal de formation des cadres de jeunesse et de sport.

En 1971, le règlement général des maisons de jeunes a été promulgué, fixant les attributions de ces établissements et déterminant les types de relations que pourraient exister avec les autres organisations et associations œuvrant dans le domaine de l’enfance et de la jeunesse.

Pendant la moitié des années soixante-dix, les MJ ont joué un rôle principale dans l’encadrement et l’orientation des bénévoles marocains dans le cadre de l’exécution de la marche verte initié par le feu roi Hassan II en 1975.

3- La transformation des rapports aux collectivités locales : « 1985 à nos jours »

A l’arrivé des années quatre-vingt, les collectivités locales ont été chargé de la construction des MJ, de l’équipement de celles-ci, de participation et de promotion des activités et des manifestations culturelles, sportifs et sociales au niveau local, la chose qui a permis à ces établissements de s’ouvrir largement sur leur environnement social et culturel, faisant l’objet de l’instauration des bases de coopération et de collaboration entre le ministère de tutelle et les conseils locaux.

Cependant, la plupart des collectivités locales n’ont pas pu répondre aux attentes du législateur dans la pratique effective de leurs attributions envers la jeunesse et les loisirs socio-éducatifs, culturels et sportifs, ce qui a engendré un déficit énorme au niveau du nombre et des équipements pour les MJ.  

Durant ces deux dernières décennies, les maisons de jeunes ont été restées en marge des préoccupations des politiques publiques en général et dans les politiques urbaines en particulier, qui misent plus sur les secteurs jugés prioritaires. Les problèmes dont souffrent ces établissements se sont accentués par les crises de financement public qui font progressivement baisser ou stabiliser les budgets qui leurs sont réservés par rapport à l’évolution des populations jeunes. Devant cette situation, les différents acteurs locaux sont restés dans l’incapacité de subvenir aux besoins des jeunes en la matière qui sont en progression permanente.

TAKHALOUICHT NABIL

Doctorant en sociologie en cotutelle internationale (université Mohammed-V, université de Strasbourg).

nabiltakhal@gmail.com

0665152482

Références :

– Centre national de formation et d’estivage Harhoura, « le deuxième Colloque National sur le travail associatif : Sujet des Maisons de Jeunes », Ministère de la jeunesse et des sports et fondation Konrad Adenauer, Juin 2000.   

– Secrétariat d’Etat charge de la jeunesse, Les grandes lignes de la politique de la Jeunesse au Maroc et les moyens de sa mise en œuvre, Rabat, 2010.

– TAKHALOUICHT Nabil, « Le rôle des maisons de jeunes dans le développement social au Maroc», mémoire de Master Spécialisé en Management du Développement social, 24 décembre 2011

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Doctorant en sociologie en cotutelle internationale (université Mohammed-V, université de Strasbourg). nabiltakhal@gmail.com 0665152482

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