Le CERSS organise sa session d’été de 2021sur le thème :
« Les nouvelles figures de la question de la femme
12-14 novembre 2021
Argumentaire
La naissance du mouvement féministe semble être née de la lutte globale pour l’édification d’une société aspirant à plus de démocratie dans un contexte de censure politique plus ou moins autoritaire selon les périodes. Le mouvement féministe Marocain, produit d’un long cheminement de l’histoire politique, économique et sociale du Maroc, a connu des transformations majeures tout au long de son histoire. Sa genèse n’est pas liée à une conjoncture ou à un facteur ponctuel ou isolé. Il apparaît comme le produit d’une maturation avec une évolution continue qui semblent constamment, se consolider reflétant les principaux changements sociaux et politiques intervenus depuis l’indépendance.
La lutte pour la démocratie et la justice sociale se nourrissait du combat pour l’égalité des sexes et contre le patriarcat ayant ancré la domination masculine dans les structures de la société marocaine, a fait de ce mouvement une véritable force sociale revendicative, une force identitaire de négociation dénonçant les discriminations subies par les femmes et agissant sur les structures des dominations politico-institutionnelles, culturelles et matérielles.
La diversité qui caractérise le mouvement féministe marocain en termes de profils de ses activistes, leurs aspirations, leurs convictions, leurs cadres référentiels et les générations qui le structurent témoigne de son rôle dans le processus démocratique. De par sa teneur symbolique, il paraît chargé d’enjeux sociétaux et de perspectives de changements. Il occupe d’ores et déjà une place décisive dans les discours et les pratiques tendant vers le changement du monde dans un idéal égalitaire et démocratique.
Le noyau structuré de ce mouvement est essentiellement composé des associations féminines et féministes qui revendiquent l’autonomie comme statut, partagent l’idéal égalitaire en tant que référent et portent un projet éminemment politique de par la portée stratégique des changements prônés. Au fil du temps d’autres générations, vagues et expressions du féminisme ont vu le jour, résultantes des contextes historiques et sociopolitiques différents qui ont influencé leurs cheminements et façonné leur manière d’agir. Compte tenu des paramètres contextuels et de la pression de la demande sociétale et face à l’inertie de la politique, le déficit socioéconomique et le poids du culturel, le mouvement féministe a profondément structuré sa lutte pour la promotion de l’égalité entre les sexes, la féminisation de l’arène politique et le partage du pouvoir, l’établissement de la démocratie et l’État de droit, l’appropriation de l’espace public, l’intersectionnalité, les libertés individuelles … , etc.
Au regard de ce qui précède, il s’impose d’approcher ce mouvement à la fois comme notion et comme réalité, comme vision et comme histoire, comme projet sociétal et mode d’action en reconstruisant ses acheminements et ses trajectoires dans leur pluralité et dynamisme (extension, rétraction), dans leur dialectique (abandon, reconversion), et analysant ses registre revendicatifs et ses champs d’intervention, ses interactions avec « le féminisme d’Etat » et sa contribution à travers les processus de plaidoyer dans les réformes juridiques et institutionnelles. Une exploration des terrains sociaux qui se sont investis par les différentes composantes féministes et féminines, constitue également une piste de réflexion à ouvrir.
Le mouvement féministe est-il donc représentatif de l’ensemble des femmes du Maroc ? Intègre-t-il les différences sociales (de classe) et d’origine (rurale, étrangère, culturelle…) ? Le féminisme marocain serait-il une idéologie qui hiérarchise les femmes dans des courants de pensée ? Ou serait-il plutôt un dialogue entre les femmes de différentes vagues et tendances ?
Peut-on parler d’un féminisme au singulier où plutôt d’une pluralité hétérogène et dialectique d’expressions de l’activisme féministe ? Quels sont les principaux creusets idéologiques et courants politiques qui traversent le féminisme marocain et quelles sont les caractéristiques saillantes de chaque génération /vague ou courant ? Et quels sont les aspects de divergence et de convergence référentiels et conceptuels définissant le projet de chaque tendance/vague/courant ?
L’apparition ponctuelle et le caractère pragmatique d’un nouveau féminisme diversifié (nouvelle génération) pose la question des confrontations entre « le féminisme dit historique » et les autres féminismes qui émergent et s’affirment. Leur balancement entre les enjeux de la laïcité et les défis de l’intersectionnalité appelle à réflexion sur le fait de savoir s’il s’agit d’un renouvellement militant, ou bien d’une rupture résultante d’un conflit générationnel qui interpelle une révision du projet sociétal d’un féminisme pluriel selon une perspective fédératrice et intégratrice.
Le dynamisme féministe au Maroc, qui s’est polarisé sur une revendication de droits et d’égalité femme-homme en vue de dépasser la situation de non droit, a pu influencer les processus de décisions à travers la mise de ses revendications sur l’ agenda politico institutionnel. Toutefois, ce rapprochement avec le féminisme d’État, le féminisme officiel, pourrait-il engendrer un frein éventuel à ce dynamisme et même à l’autonomie des associations féministes qui craignent le risque d’être réduites à des simples instruments d’opérationnalisation des programmes gouvernementaux ?
Au cours de cette session, il sera difficile de répondre à toutes les interrogations, la rencontre s’articulera autour de trois axes :
- Il s’agit de se réapproprier de nouveau les termes du débat conceptuel et théorique -et même au plan des pratiques concernant le féminisme. Tout comme, il convient d’en explorer les tendances et les courants idéologiques et politiques qui traversent aujourd’hui le féminisme marocain, en mettant en exergue les points de divergence et de convergence référentiels et conceptuels définissant le projet de chaque tendance/courant/vague.
- Les actions et interactions entre la société civile féministe et féminine et les forces politiques et institutionnelles. il s’agit d’explorer les modalités de l’appropriation des revendications féministes (l’égalité, de la lutte contre la violence, la parité…) par l’acteur et le système en objectivant les attitudes, les tensions, les positions et les échanges et appréciant l’apport de ces mouvements dans les réformes des lois, en mettant en relief les enjeux relatifs aux champs politiques et syndicaux.
- Les champs d’intervention, les cadres thématiques et les terrains sociaux investis doivent être appréhendés afin d’en cerner leurs aboutissements et limites. Il s’agit de mesurer les avancées, en pointant les limites à l’aune de la perspectives féministe à l’élaboration et le suivi à la fois des politiques publiques, et au niveau de l’économie,
mais aussi de leur mise à l’écart, des espoirs déçus et des combats à poursuivre.
Une série de questions s’imposent et feront l’objet de séances plénières particulières :
- Celle du féminisme du point de vue des théories, de la typologie et des creusets idéologiques le féminisme marocain se situe entre traditionalisme et progressisme, le féminisme au crible de la succession générationnelle, les variétés idéologiques de féminismes….
Chems Eddoha El Boraqi
Fatim-Zahra Iflahen
Amal El Idrissi,
- La question des perceptions est un vaste champ de recherche pour les sciences sociales.
Omar Benayach
Hajar Mfadli
Rachida Imlahi
3) La dimension politique Le positionnement de la femme en général et de leurs organisations, de leurs plaidoyers dans la vie politique. La représentation au sein des grandes institutions de l’Etat, la mise en œuvre de nouvelles institutions …
Fatim-Zahra Khaoulani
Sarah Soujar
Hayat Hbaili
Maâ El Ainine
4)Par ailleurs, le niveau syndical appelle une attention particulière : y-a-t-il aujourd’hui des revendications propres aux femmes, véhiculées aujourd’hui sur le plan syndical ?
Zahira Mohssen
CDT
UGTM
5)Dans l’espace public, sur les terrains sociaux d’autres préoccupations féministes s’affirment à travers les demandes de réformes, de lois / règlements et institutions : la lutte des femmes soulaliyates contre les inégalités en est un exemple. Quid de la moudawana après 15 ans de mise en œuvre ? De la loi sur la violence à l’égard des femmes ?etc…
Najoua Waziri,
Najat Nersi
Zoubida Reghaye
6)La femme les politiques publiques acteur du développement économique. Mais aussi en termes de politiques publiques (la budgétisation sensible au genre, le rôle du mouvement féministe dans l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi des politiques publiques, …), le rôle de la femme dans le développement économique, la question de l’entreprenariat féminin…
Sabah Chraibi
Maha Atlassi
Asmaa Dablani
Intervenants
Chems Eddoha El Boraqi
Fatim-Zahra Iflahen
Amal El Idrissi, CNDH
Omar Benayach
Hajar Mfadli
Amina Gharib, journaliste
Fatim-Zahra Khaoulani
Sarah Soujar
Hayat Hbaili
Maâ El Ainine
Zahira Mohssen
CDT
UGTM
Najoua Waziri,
Najat Nersi
Zoubida Reghaye
Sabah Chraibi
Maha Atlassi
Asmaa Dablani
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