Les mouvements sociaux et les politiques publiques au Maroc

Les mouvements sociaux et les politiques publiques au Maroc

Rabat le 18-20 mars 2022

Les mouvements sociaux et les politiques publiques au Maroc 

 

Le CERSS organise une session d’hiver de l’Université du Développement Social le 18-20 mars 2022 , sur le thème «  Les mouvements sociaux et les politiques publiques au Maroc » en coopération avec la Faculté des lettres et sciences humaines de Rabat (Université Mohammed V).

Les mouvements sociaux se déploient auprès d’autres acteurs collectifs tels les partis politiques, les syndicats, les groupes d’intérêts, la société civile. Ils exercent une influence certaine sur un grand nombre de politiques publiques et pèsent de manière significative sur l’agenda gouvernemental (enseignement, emploi, santé, logement…). Quels sont les rôles de ces acteurs dans la maturation des actions collectives et dans leur transformation en mouvement ? Dans quelle mesure aussi elles créent des espaces de débats qui purge les conflits et les tempère ?

Le mouvement social renvoie à une variété d’usages: il s’est longtemps appliqué au mouvement ouvrier réputé porteur d’un projet global de transformation du monde; il a pu qualifier par la suite la défense de causes spécialisées (féminisme, écologie, causes culturelles ou linguistiques, …) l’enjeu des mouvements peut être souvent l’accès à une ressource, l’obtention d’un droit, une problématique identitaire, etc.. ; il peut désigner dans un sens particulier des mouvements de grèves sectoriels, défendant les intérêts d’une profession particulière ; souvent utilisé au singulier, l’expression permet de nommer des mobilisations sectoriels et les syndicats et associations qui y sont impliqués ; aujourd’hui, il concerne fréquemment les mobilisations collectives visant à défendre une cause conflictuelle face à un plusieurs adversaires ; il peut revêtir le sens de tendances à la transformation ou à la conservation à l’œuvre dans la société. Quels sont la place, le rôle et le sens des mouvements sociaux, mouvements le plus souvent informels dans un champs sociétal structuré et institutionnellement animé par les acteurs formels.

Il s’impose de dresser une cartographie des principales vagues de mouvements sociaux : des moments importants, des épisodes saillants, un tableau général, des monographies (si possible des monographies pourront être présentées dans les ateliers). Cela revient à s’interroger sur la position des mouvements sociaux dans le paysage politico-social global du Maroc et des pays avec lesquels il est possible d’entreprendre des comparaisons.

On peut se demander dans quelle mesure les mouvements sociaux sont l’occasion de l’organisation de la représentation, du militantisme, de la participation et de la mobilisation et comment se définit le profil du militant-type-mouvement-social. Comment les fondateurs ou les initiateurs d’un mouvement social peuvent céder la place ou sont déclassés au bénéfice d’autres entrepreneurs du politique qui savent négocier avec la partie adverse (laquelle peut devenir alliée), accepter des compromis ou simplement s’institutionnaliser.

Dans les pays du sud, on s’accorde sur la dilapidation ressources par une économie de la rente et leur exploitation minière (fonciers, eau, etc…) aux dépens des droits d’accès à ces ressources. La question est devenue cruciale et a conduit à des tensions sociales rapidement contenues Pourquoi, il n’y eut pas de développements d’un certain type de mouvements?

Les facteurs de mobilisation, les causes immédiates et celles plus profondes, les courtes, moyennes et longues durées, les soubassements variables, sollicitent une attention particulière… On peut se demander notamment comment le mouvement social permet de faire émerger des intérêts collectifs face à l’Etat, lesquels peuvent s’opposer à la sphère privée.  Dans quelle mesure la mobilisation devient l’occasion de débats public, de négociation des intérêts privés, des prérogatives, etc… ?

L’impact des contextes de mobilisation est aussi à décrypter : entre autres la pandémie, le début d’une nouvelle législature (la situation post électorale, un nouveau parlement, une nouvelle majorité gouvernementale), des conflictualités régionales et internationales : le mouvement social dans ses divers sens en est-il affecté ? La variété des contextes constitue-t-elle une circonstance favorisant ou défavorisant la mise en œuvre des politiques internes ou internationales ?

Dans le cadre de la problématique de la mobilisation, l’importance du nombre, la notion de majorité, constitue-t-elle une condition de la mobilisation et de l’émergence d’un mouvement social ? Ou au contraire, les minorités dites invisibles sont-ils des groupes qui présentent des intérêts spécifiques, mais dont la récurrence dans les débats médiatiques, la capacité de lobbying et de plaidoyer, en fait des mouvements forts… Ces intérêts appellent à être identifiés, reconnus et leur mobilisation se donne comme collective.

Le rapport au droit pose un autre genre de questions : les droits civils qui ne se concrétisent pas même s’ils sont reconnus au plan politique. Les obstacles peuvent être d’ordre juridique (ineffectivité des lois, absence de textes d’application) ou d’ordre culturel. Parfois le mouvement social accompagne ou est engendré par la mise en œuvre de droits civils, politiques et sociaux (comme l’attestent nombre de mouvements des femmes)

Sous l’angle du rapport de l’univers du numérique, les réseaux sociaux peuvent faire en sorte que certains intérêts auront tendance à être surreprésentés du seul fait de la capacité de leurs porteurs à maitriser des stratégies de légitimation au niveau du discours, du marketing politique, de l’agrégation des sympathisants via des storytelling (vulnérabilité, ostracisme, etc).. Ces médias sociaux peuvent augmenter le pouvoir d’un groupe tandis que d’autres groupes seront sous-représentés, ou privés de représentation ou acculés à être des actions locales plus proches des grèves banales que des mouvements sociaux.

Par ailleurs quelles sont les perspectives à venir des mouvements sociaux au Maroc et ailleurs ? Va-t-il rester éclaté, fragmenté, dispersé, discontinu, localisé ou de portée nationale, étalé sur le temps ou de courte durée ? Peut-il être réellement porteur d’une manière ou d’une autre de changement, ou consolidant le statut quo ?

 

Plusieurs axes pourront structurer la rencontre :

  • Dimensions conceptuels et théoriques
  • Qu’est ce qu’un mouvement social ? Nature, place, sens et position des mouvements sociaux dans le paysage politico-social
  • Cartographie des mouvements sociaux
  • Les facteurs de mobilisation
  • Les contextes des mouvements sociaux
  • Les perspectives des mouvements sociaux

                                              Programme

Vendredi 18 mars

9h/ Ouverture du séminaire

Première séance

9h-10h30

1) Mohssen Elahmadi : Les revendications spatiales et les politiques publiques au Maroc : entre contraintes et urgence sociale

2) Abderrahmane Rachik, Visibilité et invisibilité des actions collectives protestataires 

3) Ismaêl Hamoudi : Les protestations de la marge : les causes, les articulations et les exemples

Pause

Deuxième séance

11h-12h30

2) Abdelfettah Ezzine : les mouvements sociaux et les humanités numériques : les mutations des pratiques démocratiques

3) Mohammed Benhlal : l’interaction de la nouvelle communication et le mouvement protestataire et l’état de l’agenda politique : le cas du Maroc

3) Mustapha El khalfi : Le mouvement social et le mouvement islamiste : pour un nouveau modèle explicatif

Déjeuner

Troisième séance

14h30-15h30

1) Mohammed Naimi : Mouvement sociaux et contestations post-M20F

2) Saida Idrissi, Le mouvement féministe comme mouvement social

3) hasnaa Bouichardan : Le féminisme dans les mouvements sociaux,

Pause

Quatrième séance

16-17h30

1)Hanane Serrhini : L’effet de frontière dans les mobilisations collectives de migrants en situation irrégulière. Le cas du franchissement massif des frontières de Ceuta et Melilla »

2) Nadia Bououn Les contractuels,

3) Lahcen Otmani : Les mouvements sociaux face aux enjeux de l’emploi au Maroc,

Samedi 19 mars

Cinquième séance

9h-10h30

1) Abdelmajid Abou Ghazi : le droit et les mouvements sociaux

2) Ali Karimi : Trajectoire des DESC à travers l’évolution des politiques publiques

3) Rachid Touhtouh : Mouvements sociaux et Pandémie : vers une compréhension des nouvelles résistances

Pause

Sixième séance

11h-12h30

1) Jamal Fezza : les mouvements sociaux et la restructuration du champs politique au Maroc

2) Mokhtar Benabdalaoui : une lecture de la dynamique de quelques mouvements sociaux au sein  du système politique marocain. Aprés le mouvement du 20 février

3)) Ghassan Lamrani : Mobilisation sociale ou déclin de l’action partisane

Septième séance

12h30-13h30

Séance de clôture : lecture des rapports

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