Historiquement, le Maroc, où quatre parcs nationaux ont été créés de 1942 à 1991 (Toubkal en 1942, Tazekka en 1950, Souss Massa en 1991 et Iriqui en 1994), a élaboré en 1996 un plan directeur des aires protégées qui a permis d’identifier « 154 Sites d’Intérêt Biologique et Ecologique (SIBE) classés pour leurs valeurs écologique, scientifique, socio-économique ou patrimoniale, en proposant le classement en parcs nationaux d’une dizaine d’entre eux. Répartis sur une superficie de 2,5 millions d’ha, ces SIBE représentent presque la totalité des écosystèmes naturels du pays ». S’en est suivi la création de 6 aires protégées : les parcs nationaux d’AI Hoceima, Talassemtane, Ifrane, Haut Atlas Oriental, créés en 2004 ; le Parc National de Khniss constitué en en 2006 ; et le Parc National de Khénifra créé en 2008. Ces parcs nationaux se sont ajoutés aux trois réserves de biosphère (réserves de biosphère de l’Arganeraie, de la biosphère des Oasis du Sud du Maroc et de la biosphère intercontinentale de la Méditerranée) que le Maroc a créées respectivement en 1998, 2000 et 2006.
Actuellement, le Maroc dispose, en plus des parcs nationaux et des réserves de biosphère, d’un réseau d’environ 36 sites inscrits sur la liste des zones humides d’importance internationale (Sites Ramsar), ayant une superficie totale de 316,086 hectares.
De par ses spécificités bioclimatiques, le Maroc recèle, dans ses aires protégées, des milliers de plantes et d’invertébrés et des centaines d’espèces de vertébrés, qui servent peu ou prou le développement socio-économique du pays et de son territoire compte tenu de l’essor de certaines activités génératrices de revenu favorisées par la biodiversité de ces espaces.
Sujettes à un régime juridique spécifique, les aires protégées ont été également prises en compte dans les stratégies et les programmes d’action mises en œuvre au Maroc en matière de préservation de l’environnement.
Les aires protégées dont les liens avec le développement ont été mis en exergue par diverses études et recherches, servent, quoique timidement, le développement au Maroc via la contribution de l’éco tourisme et de certaines activités génératrices de revenu.
Pour favoriser un développement respectueux de l’environnement dans les aires protégées au Maroc, il est primordial de veiller, en ce qui concerne les activités éco touristiques, à ce que les projets de développement touristique « ne perturbent pas les richesses et les équilibres écologiques et il est important que ces activités touristiques bénéficient de cadres clairs (stratégie, charte, label, etc.), sur lesquels pourront s’appuyer les parcs et les promoteurs des projets ».
En ce qui concerne les autres activités génératrices de revenu (AGR), « il paraît très important pour l’avenir des parcs de privilégier le développement des AGR en phase avec les objectifs environnementaux et culturels du parc concerné. Le développement de l’agriculture biologique (et/ou répondant aux principes du commerce équitable et/ou la mise en place de circuits courts de commercialisation) serait par exemple en phase avec les enjeux des territoires et les objectifs des parcs». Au surplus, « les richesses culturelles peuvent participer fortement à l’identité des parcs et au développement local». Dans ce sens, « les notions d’authenticité et de terroir pourraient être mieux valorisées en ancrant plus les AGR sur des activités traditionnelles des territoires des parcs (produits de terroir éventuellement labellisés, activités traditionnelles comme la transhumance, artisanat local, etc.)».
D’autre part, les Commissions économiques des Nations unies pour l’Europe et pour l’Afrique ont recommandé, dans leur évaluation en 2014 des performances environnementales du Maroc, que le Ministère de l’Energie, des Mines et de l’Environnement et le Haut-Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification, en coopération avec les gestionnaires des aires protégées et les ONG, « intègrent les besoins de planification de la conservation et les préoccupations socioéconomiques, lors de l’élaboration des plans de gestion des aires protégées afin de réduire la pression sur la biodiversité tout en répondant aux besoins socio-économiques ».
In fine, il faut favoriser l’implication des populations locales vivant à l’intérieur ou aux alentours des aires protégées, en leur déléguant la responsabilité et l’autorité de la gestion des ressources naturelles dont regorgent ces espaces. Mais une gouvernance efficace de ces aires protégées requiert que les populations locales aient une institution (y compris coutumière) qui prendra les décisions à leur place.
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